Mars et avril sont déjà terminés…
Cette année, le printemps commença par un festival des
saisons... hiver, été puis automne.
Il semblerait qu’il revienne ... à pas très légers alors…
Le printemps est-il orgueilleux, voulant nous montrer qu’à lui seul, il peut
être toutes les saisons et qu’elles n’ont qu’à bien se tenir ?
Ou alors, est-il suffisamment coquin pour nous jouer de vilains tours, histoire
de nous rappeler ceux que nous jouons chaque jour à notre environnement ?
Je laisse à chacun le choix de la raison, si raison il doit
y avoir absolument…
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Osmie cornue mâle sur fleur de Primevère |
Pour certaines abeilles sauvages, ces premiers mois de
printemps furent capitaux. Leur vie s’est jouée durant ces jours ; leur vie et celle de leur
descendance.
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Osmie cornue mâle au soleil |
Les osmies cornues (Osmia cornuta) sont
une des premières espèces d’abeilles solitaires à se réveiller.
C’est un pur bonheur de pouvoir les admirer grâce aux
nombreux refuges pour insectes installés dans le jardin. Je ne me lasse pas de
ce spectacle si émouvant, ce spectacle de vie essentiel à la nôtre.
De la galerie de nidification, les mâles sont les premiers à
passer la tête. Ils sont craquants avec leur houpette et leur petite barbichette de poils
blancs. Ils sont très reconnaissables.
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Osmie cornue mâle sortant la tête de sa galerie |
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mâle |
Ils naissent les premiers, car leur transformation d’œuf en imago (insecte
adulte) est plus rapide que pour les femelles. Ainsi dans la galerie de
nidification, les œufs qui donneront naissance à des femelles sont pondus en
premier, ensuite, ce sera le tour des mâles.
La femelle choisit elle-même le sexe de la future Osmie.
Les femelles sont issues d’œufs fécondés, les mâles sont issus d’œufs non
fécondés.
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mâles |
En général, une dizaine d’œufs sont pondus dans une même
galerie.
Une fois avoir passé le nez dehors, les mâles vont attendre l’arrivée des
femelles en restant près de l’orifice de sortie (ou d’entrée) de la galerie. Le
soir, ils rentrent dans la galerie pour y passer la nuit bien protégés.
Si vous
avez des hôtels à insectes, vous pourrez remarquer certaines petites bagarres et
bousculades entre mâles, sans gravité, les mâles n’ayant pas de dard.
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Des mâles s’accumulent sur une femelle |
Quand les femelles sortiront à leur tour, les mâles se presseront sur elles.
On
pourra même observer sur une seule femelle plusieurs mâles, mais un seul
conservera sa place.
L’accouplement durera plusieurs minutes.
Cette année, j’ai pu observer deux accouplements, dont un, a duré plus de quinze
minutes.
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Il y en a encore un de trop... |
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Accouplement d'osmies cornues |
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On aperçoit ici les mandibules de la femelle |
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On remarquera l'abdomen glabre du mâle |
Après l’accouplement, la vie de la femelle est consacrée à sa descendance,
alors que le mâle, ne vivant qu’une dizaine de jours, perd sa sienne quelques jours plus tard.
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Pendant la nidification, puis après, les galeries sont fermées On aperçoit à l'intérieur des cellules le "pain d'abeille". Cliquez pour agrandir la photo |
La femelle choisit une galerie, y fait un ménage drastique, afin d’y retirer
d’éventuels parasites, et les restes de nidification de la saison précédente.
Cette
tâche terminée, elle commence des allers et retours entre les fleurs et son nid
pour récolter du nectar, qu’elle stocke dans son jabot, et du pollen qu’elle
amasse à l’aide de sa brosse ventrale.
De retour dans la galerie, elle régurgite et tasse le nectar. Ensuite, elle sort
de la galerie pour y entrer à reculons et secoue sa brosse ventrale pour
que le pollen tombe. A ce moment, on peut entendre un petit bruit de vibration.
A force d’allers et retours nombreux, la femelle façonne une sorte de boulette
qu’on appelle le « pain d’abeille ».
L’œuf y est pondu et la larve s’en nourrit rapidement, car il faut compter
une moyenne de sept jours avant éclosion.
Chaque loge contenant un œuf est refermée d’une paroi maçonnée ; d’où son
qualificatif d’abeille maçonne.
La larve passe par quatre stades différents, et ce, en une vingtaine
de jours, puis elle entre en nymphose après avoir filé un cocon de soie
autour d’elle.
A la fin de l’été, la nymphe est devenue imago. Il restera
dans son cocon jusqu’à mars prochain et prendra à son tour son envol…
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Encore et toujours un accouplement d'osmies cornues ; on ne s'en lasse pas tellement c'est beau... |
Autour des refuges à insectes de mon jardin, les osmies
cornues étaient particulièrement nombreuses cette année et leurs allers et retours
à toutes créaient quelques embouteillages.
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Embouteillages |
Dans la nature, les Osmies ne vivent pas regroupées ainsi,
ce sont des abeilles solitaires, mais il n’est pas rare de les voir tourner à
plusieurs autour d’une fenêtre en bois dans lesquelles elles n’hésiteront pas à
nidifier.
Elles apprécient également les fissures des vieux murs de pierre, les
tiges creuses, les anciennes galeries utilisées par d’autres hyménoptères et aussi
les coquilles d’escargots.
Pour le voir régulièrement dans mon jardin, je sais qu’elles apprécient
également le dessous des chaises en plastique ; ces chaises ont souvent
des trous dans lesquels elles font leur nid.
Elles ne sont pas très exigeantes finalement et elles trouvent toujours une
solution pour obtenir une belle galerie.
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Ce liquide blanchâtre que l'on aperçoit, est-il le liquide pré-séminal ou le liquide séminal ? Je ne sais pas, mais c'est l'un des deux. |
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On peut observer le jeu d'antennes du mâle... une caresse envers la femelle ? |
Dans les zones rurales, cette abeille solitaire est devenue rare ;
pesticides, fauchage du bord des routes, etc… ont eu raison d’elle. D’elle et
de tant d’autres insectes et animaux en général…
Triste bilan qui ne cesse de s’alourdir, bien que l’alarme ait retenti depuis
fort longtemps !
Aujourd’hui, il faut redoubler d’efforts pour l’aider en installant par exemple
dans nos jardins des hôtels à insectes où elle viendra nidifier.
Si vous possédez un verger, n’hésitez surtout pas à y installer plusieurs
hôtels à insectes spécialisés pour les osmies. En effet, cette abeille solitaire est une pollinisatrice remarquable pour les
fruitiers dont les fleurs s’ouvrent dès mars ; c’est une des premières à apparaitre et à
pouvoir butiner, même à une température de 12°C.
En plus des fleurs de fruitiers comme les pruniers, les
cerisiers, les poiriers et les premiers pommiers, elle apprécie les fleurs des
saules, celles de l’acacia, de la ronce commune, des aubépines, du trèfle… etc…
Les osmies ne sont pas dangereuses.
Les femelles ont bien un petit aiguillon, mais elles ne l’utilisent jamais.
Idéal pour faire des observations avec les enfants…
Et longue vie aux abeilles sauvages !