3 mai 2018

Osmies cornues



Mars et avril sont déjà terminés… 

Cette année, le printemps commença par un festival des saisons... hiver, été puis automne.
Il semblerait qu’il revienne ... à pas très légers alors…


Le printemps est-il orgueilleux, voulant nous montrer qu’à lui seul, il peut être toutes les saisons et qu’elles n’ont qu’à bien se tenir ?
Ou alors, est-il suffisamment coquin pour nous jouer de vilains tours, histoire de nous rappeler ceux que nous jouons chaque jour à notre environnement ?

Je laisse à chacun le choix de la raison, si raison il doit y avoir absolument… 


Osmie cornue (Osmia cornuta) sur fleur de Primevère
Osmie cornue mâle sur fleur de Primevère


Pour certaines abeilles sauvages, ces premiers mois de printemps furent capitaux. Leur vie s’est jouée durant ces jours ; leur vie et celle de leur descendance. 


Osmie cornue (Osmia cornuta)
Osmie cornue mâle au soleil


Les osmies cornues (Osmia cornuta) sont une des premières espèces d’abeilles solitaires à se réveiller. 

C’est un pur bonheur de pouvoir les admirer grâce aux nombreux refuges pour insectes installés dans le jardin. Je ne me lasse pas de ce spectacle si émouvant, ce spectacle de vie essentiel à la nôtre.

De la galerie de nidification, les mâles sont les premiers à passer la tête. Ils sont craquants avec leur houpette et leur petite barbichette de poils blancs. Ils sont très reconnaissables.


Osmie cornue (Osmia cornuta)
Osmie cornue mâle sortant la tête de sa galerie


Osmie cornue (Osmia cornuta)
mâle
Ils naissent les premiers, car leur transformation d’œuf en imago (insecte adulte) est plus rapide que pour les femelles. Ainsi dans la galerie de nidification, les œufs qui donneront naissance à des femelles sont pondus en premier, ensuite, ce sera le tour des mâles. 

La femelle choisit elle-même le sexe de la future Osmie. 

Les femelles sont issues d’œufs fécondés, les mâles sont issus d’œufs non fécondés. 






Osmie cornue (Osmia cornuta)
mâles
En général, une dizaine d’œufs sont pondus dans une même galerie. 

Une fois avoir passé le nez dehors, les mâles vont attendre l’arrivée des femelles en restant près de l’orifice de sortie (ou d’entrée) de la galerie. Le soir, ils rentrent dans la galerie pour y passer la nuit bien protégés. 

Si vous avez des hôtels à insectes, vous pourrez remarquer certaines petites bagarres et bousculades entre mâles, sans gravité, les mâles n’ayant pas de dard. 


Osmie cornue (Osmia cornuta)



Osmie cornue (Osmia cornuta)
Des mâles s’accumulent sur une femelle


Quand les femelles sortiront à leur tour, les mâles se presseront sur elles.

On pourra même observer sur une seule femelle plusieurs mâles, mais un seul conservera sa place.

L’accouplement durera plusieurs minutes.

Cette année, j’ai pu observer deux accouplements, dont un, a duré plus de quinze minutes.  
 
Osmie cornue (Osmia cornuta)
Il y en a encore un de trop...

Osmie cornue (Osmia cornuta)
Accouplement d'osmies cornues
 

Osmie cornue (Osmia cornuta)
On aperçoit ici les mandibules de la femelle


Osmie cornue (Osmia cornuta)


Osmie cornue (Osmia cornuta)


Osmie cornue (Osmia cornuta)
On remarquera l'abdomen glabre du mâle


Après l’accouplement, la vie de la femelle est consacrée à sa descendance, alors que le mâle, ne vivant qu’une dizaine de jours, perd sa sienne quelques jours plus tard.

Hôtel à insectes
Pendant la nidification, puis après, les galeries sont fermées
On aperçoit à l'intérieur des cellules le "pain d'abeille".
Cliquez pour agrandir la photo
La femelle choisit une galerie, y fait un ménage drastique, afin d’y retirer d’éventuels parasites, et les restes de nidification de la saison précédente. 

Cette tâche terminée, elle commence des allers et retours entre les fleurs et son nid pour récolter du nectar, qu’elle stocke dans son jabot, et du pollen qu’elle amasse à l’aide de sa brosse ventrale.

De retour dans la galerie, elle régurgite et tasse le nectar. Ensuite, elle sort de la galerie pour y entrer à reculons et secoue sa brosse ventrale pour que le pollen tombe. A ce moment, on peut entendre un petit bruit de vibration.

A force d’allers et retours nombreux, la femelle façonne une sorte de boulette qu’on appelle le « pain d’abeille ».

L’œuf y est pondu et la larve s’en nourrit rapidement, car il faut compter une moyenne de sept jours avant éclosion.

Chaque loge contenant un œuf est refermée d’une paroi maçonnée ; d’où son qualificatif d’abeille maçonne.



Osmie cornue (Osmia cornuta)

Osmie cornue (Osmia cornuta)

Osmie cornue (Osmia cornuta)

Osmie cornue (Osmia cornuta)




La larve passe par quatre stades différents, et ce, en une vingtaine de jours, puis elle entre en nymphose après avoir filé un cocon de soie autour d’elle.

A la fin de l’été, la nymphe est devenue imago. Il restera dans son cocon jusqu’à mars prochain et prendra à son tour son envol… 


Osmie cornue (Osmia cornuta)
Encore et toujours un accouplement d'osmies cornues ; on ne s'en lasse pas tellement c'est beau...


Autour des refuges à insectes de mon jardin, les osmies cornues étaient particulièrement nombreuses cette année et leurs allers et retours à toutes créaient quelques embouteillages. 


Osmie cornue (Osmia cornuta)
Embouteillages
 

Dans la nature, les Osmies ne vivent pas regroupées ainsi, ce sont des abeilles solitaires, mais il n’est pas rare de les voir tourner à plusieurs autour d’une fenêtre en bois dans lesquelles elles n’hésiteront pas à nidifier.


Osmie cornue (Osmia cornuta) 



Elles apprécient également les fissures des vieux murs de pierre, les tiges creuses, les anciennes galeries utilisées par d’autres hyménoptères et aussi les coquilles d’escargots. 

Pour le voir régulièrement dans mon jardin, je sais qu’elles apprécient également le dessous des chaises en plastique ; ces chaises ont souvent des trous dans lesquels elles font leur nid.

Elles ne sont pas très exigeantes finalement et elles trouvent toujours une solution pour obtenir une belle galerie.


Osmie cornue (Osmia cornuta)
Ce liquide blanchâtre que l'on aperçoit, est-il le liquide pré-séminal ou le liquide séminal ? Je ne sais pas, mais c'est l'un des deux.


Osmie cornue (Osmia cornuta)
On peut observer le jeu d'antennes du mâle... une caresse envers la femelle ?


Dans les zones rurales, cette abeille solitaire est devenue rare ; pesticides, fauchage du bord des routes, etc… ont eu raison d’elle. D’elle et de tant d’autres insectes et animaux en général… 

Triste bilan qui ne cesse de s’alourdir, bien que l’alarme ait retenti depuis fort longtemps !

Aujourd’hui, il faut redoubler d’efforts pour l’aider en installant par exemple dans nos jardins des hôtels à insectes où elle viendra nidifier. 

Si vous possédez un verger, n’hésitez surtout pas à y installer plusieurs hôtels à insectes spécialisés pour les osmies. En effet, cette abeille solitaire est une pollinisatrice remarquable pour les fruitiers dont les fleurs s’ouvrent dès mars ; c’est une des premières à apparaitre et à pouvoir butiner, même à une température de 12°C.

En plus des fleurs de fruitiers comme les pruniers, les cerisiers, les poiriers et les premiers pommiers, elle apprécie les fleurs des saules, celles de l’acacia, de la ronce commune, des aubépines, du trèfle… etc… 




Osmie cornue (Osmia cornuta)



Les osmies ne sont pas dangereuses.
Les femelles ont bien un petit aiguillon, mais elles ne l’utilisent jamais. 
Idéal pour faire des observations avec les enfants…

Et longue vie aux abeilles sauvages !


9 commentaires:

  1. Bonjour Edith. C'est une série magnifique que tu nous offre là, parfaitement photographiée, des images de qualités sur une petite bête que je crois n'avoir jamais vue "en live". Très très beau travail photographique, merci du partage et bonne journée

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    1. Merci Marie... Quel plaisir ce fut de les observer, de les photographier... et un plaisir de plus de partager... A bientôt !

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  2. Quel article ! j'en ai lu chaque phrase avec grand intérêt moi qui connaît si peu finalement de ces butineuses.
    Que dire de tes photos, un enchantement !!!! une qualité rare d'autant que ces petites bêtes sont toujours en mouvement, j'ai un peu ri en lisant que l'accouplement avait duré 15 minutes.... même plus d'intimité !
    Bravo en tout cas, voilà un article que je ne suis pas prête d'oublier.
    Bonne semaine.

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    1. Bonjour Siam, Si tu savais comme ce que tu dis me fait grand plaisir. J'aime observer ces jolies petites abeilles sauvages et partager ce doux petit bonheur me parait indispensable. Savoir que tu as apprécié est un vrai cadeau... Merci à toi !
      L'année prochaine, je leur fabriquerai des petits paravents !

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  3. Article remarquable !!! .. bien documenté, une experte !!! .. et des photos exceptionnelles !!
    J'avais mis un commentaire et il n'a pas été pris en compte , ..bizarre !!
    Bonne journée Didith !!

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    1. Coucou Gérard... Ah bon, oui bizarre... enfin comme l'informatique peut l'être ;-)
      Je te remercie beaucoup ; c'est que je les aime les petites abeilles sauvages et pas que d'ailleurs. Si tu voyais le jardin comme il a changé... Cette année il explose : la végétation est dense, Les fleurs sont nombreuses et les arbres fruitiers sont tous couverts de fruits... Je fais refaire mon stock de confitures...
      Au fait, je suis allée deux fois sur ton avant-dernier post et je n'ai pas pu te laisser de message, normal ?

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  4. Dis moi, .. quel article ?Dans la zone commentaire du bas ? Bonne soirée Didith !!

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    1. Dans l'article "D’Alméria à Grenade", il n'y a pas de possibilité de commenter en fin d'article... Du moins je n'ai rien vu... Bibis

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    2. Exact, .. c'est corrigé, .. merci Didith et bon Dimanche à vous tous !!

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