Ton utilité, ta vulnérabilité,
Trop souvent ignorées ;
Mais ta beauté, est-elle admirée ?
Toutes les photos ci-après peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Aujourd’hui, je souhaite vous parler du Frelon Européen.
Quelle horreur, dites-vous ?
Un monstre ? Un tueur d’une cruauté sans pareil ?
Mais dites-moi, êtes-vous convaincus par vos propos ou ne
feraient-ils pas écho à quelles légendes absurdes entendues lorsque vous étiez des
enfants ?
Ces fameuses légendes transmises de génération en génération
et qui semblent avoir la vie dure !
Entre autre celle qui véhicule le fait qu’une piqûre de frelon
peut être mortelle !
Mais savez-vous que si vous êtes allergiques au venin de cet
insecte, vous l’êtes aussi à celui des guêpes et des abeilles ; à ce moment,
le danger reste le même… mais nous reparlerons du venin ensuite.
Commençons tout d’abord par son nom, Frelon Européen (Vespa
Crabro). Cet insecte est eusocial (groupe d’individus ayant une organisation
sociale et dont l’ensemble est divisé en castes d’individus fertiles et non
fertiles ; ces derniers étant en charge de nourrir et de protéger les autres).
Le frelon fait partie de la famille des Vespidés, comme les guêpes et de
l’ordre des Hyménoptères, comme les abeilles.
Avant de continuer, j’aimerais vous conter une histoire, l’histoire
de ma rencontre avec cet insecte séduisant, une belle rencontre…
Comme beaucoup, enfant, j’avais peur des frelons, peur transmise par les
adultes effrayés à la vue de cette "guêpe géante" au bourdonnement
intense. Par ignorance, j’ai grandi avec cette peur, mais la curiosité a très
vite pris le dessus, curiosité de nature et fascination pour les insectes en
général.
En 2006, lors d’une flânerie en lisière de forêt, dans la
belle région du Périgord noir, je fus attirée par un bourdonnement léger. Curieuse,
je me suis avancée prudemment en direction du bruit. La source de ce
bourdonnement provenait d’un arbre mort, couché à terre. Le tronc possédait de
petites ouvertures par lesquelles entraient et sortaient des frelons. Je
décidai de m’asseoir pour observer à environ 5 mètres du nid. Ma présence ne
semblait pas gêner les frelons. Trop curieuse pour rester ainsi, je m’approchai
doucement et régulièrement. Aucun signe d’agressivité de la part des frelons,
ils continuaient leurs allers et retours comme si je ne fus pas là. Toujours
plus près, j’avançai… 4… 3… 2 mètres… à 1 mètre, un frelon est venu voler
autour de moi ; curiosité ; avertissement ? Par prudence je restai
donc à 2 mètres, et avec des gestes très doux, je tentai quelques photos.
Durant 4 jours, je suis venue les voir régulièrement et à compter de ce moment,
j’ai appris à les aimer, à les respecter, car j’ai compris qu’ils étaient des mal-aimés
et ce, très injustement, tout simplement par ignorance.
Si un jour vous voulez tenter l’expérience, restez à 5
mètres du nid, 3 mètres très maximum et si vous restez calme, tout se passera
bien.
Ci-dessus, une partie du nid de la colonie des frelons, la partie extérieure. Cette matière, très belle, est faite de papier mâché, de carton. Vous avez déjà dû remarquer des frelons, des guêpes, gratter avec leurs mandibules des morceaux de bois. Une fois ramassé, ce bois sera mélangé à leur salive, et une pâte sera obtenue. Elle sera étalée en différentes couches qui se superposeront. Cela ressemblera à des feuilles de papier. Les Égyptiens s'en inspirèrent pour fabriquer le papyrus.
En 2008, chance ! Dans un arbre mort près de la maison,
une colonie de frelon s’est installée ; et croyez-moi c’est plus facile
pour les observations de les avoir à domicile ! Chance encore, ce
phénomène s’est répété les années suivantes jusqu’à ce que l’arbre tombe suite
à une tempête durant l’automne 2013…
Il paraîtrait, d’après mes différentes lectures, qu’il n’est pas possible qu’une colonie de frelons s’installe suite à une autre... et pourtant…
Il paraîtrait, d’après mes différentes lectures, qu’il n’est pas possible qu’une colonie de frelons s’installe suite à une autre... et pourtant…
J'observe l'entrée et la sortie du nid, mais je suis également observée. Sur la photo de gauche en bas, il semblerait qu'un frelon accueille un autre frelon "les bras ouverts" ! |
Durant ces 6 années, je me suis souvent rendue près de l’ouverture du nid. Je prenais des photos sans qu’aucun frelon ne vienne m’attaquer. Très franchement, je me suis rapidement aperçue que ces insectes étaient craintifs et qu’en tout cas, ils n’étaient absolument pas agressifs, je dirais même, qu’ils étaient tout à fait pacifiques !
Et pourtant, on entend le contraire chaque jour… Ignorance,
quand tu nous tiens !
Ici un frelon ventile l'entrée du nid, afin de réguler la température de ce dernier. |
Il faut savoir que les frelons attaquent uniquement pour se
défendre, ils ne font que répondre à une attaque contre eux et plus
particulièrement contre leur nid, contre la colonie, ou évidement à ce qu’ils
pensent être une attaque. Donc si vous approchez d’un nid en parlant fort,
hurlant et en vous agitant, je pense que très vite ils peuvent vous transformer
en passoire… et encore…
En effet, je n’ai jamais été piquée de toutes ces années,
excepté en été 2013, car je me suis agitée très près de l’entrée du nid,
excitée par la beauté de ces insectes, j’ai voulu que des amis s’approchent
pour les voir, cris et gestes… erreur…
Oh j’aurais dû partir en courant… mais voilà, remarquant qu’ils préparaient l’attaque (posture particulière avec ailes vers l’arrière en V), j’ai voulu faire une photo… mais ils furent plus rapides que moi et l’un d’eux m’a embrassé l’oreille…
Franchement, rien de tragique… une petite douleur pendant 3 à 4 jours
et on oublie… Je précise que je ne suis pas allergique ! Si vous l’êtes,
et bien, prenez vos distances, ce ne sont pas les frelons qui viendront à vous,
trop trouillards pour cela !
D’ailleurs quand vous mangez l’été dehors, avez-vous déjà
été ennuyés par des frelons tournant autour de votre assiette ? Non,
jamais, seules les guêpes sont assez téméraires pour venir jusqu’à vous
subtiliser un morceau de votre repas, jamais un frelon.
En revanche, il peut se poser un vrai problème les soirs
d’été, lorsque vous laissez la lumière allumée, fenêtres ouvertes. Les frelons
ne s’arrêtent pas de travailler la nuit, donc attirés par la lumière, ils
entreront chez vous et là ce sera pour eux la panique ; ils ne pourront
plus retrouver leur nid, trop désorientés par cette lumière. Ils peuvent à ce
moment vous effrayer, car leur comportement n’est plus normal et un peu brutal…
Que faire ? Rien de plus simple, fermer la lumière et les laisser sortir en
les attirant dehors avec une autre lumière, mais surtout ne pas les tuer.
N’est-il pas possible de s’adapter, plutôt que
systématiquement éliminer ?
Pour parler maintenant du venin, nous savons aujourd’hui que
le venin du frelon, comme celui de la guêpe est moins toxique que celui de
l’abeille (prouvé scientifiquement). De plus, on sait que les frelons et les
guêpes ont besoin de leur venin pour chasser, se nourrir donc, il l’économise.
Seule une partie du venin partira avec la piqûre et non la totalité de la poche
comme pour les abeilles.
Ci-après, concernant le venin, je vous joins un extrait d’un
site allemand (traduction pas toujours parfaite) :
"Sur ce point de vue, quelques données scientifiques : Le
venin d’abeille a été très bien analysé chimiquement et toxicologiquement étant
donné qu’il peut être récupéré en grande quantité. Suite à des essais sur des
rats et des souris, on a déterminé que le LD50 (quantité de venin qui entraîne
la mort dans 50% des cas) pour le venin d’abeille est exactement de 6 mg par
kg, soit à peu près la dose correspondant à 40 piqûres. Pour le venin de
frelon, les chiffres vont de 10 mg/kg (Habermann 1974) à 90 mg/kg (Kulike
1986). Ce qui se rapporte à environ 154-180 piqûres par kg. Il en résulte
que le venin d’abeille a de 1,7 à 15 fois plus d’effet que celui du
frelon !
Le venin du frelon et de la guêpe n’est pas destiné,
de prime abord, à être utilisé contre tous les vertébrés. Cela paraît
surprenant mais ça ne l’est pas, car les abeilles et les guêpes emploient leur
dard différemment. Les abeilles récupèrent essentiellement le nectar et le
pollen alors que les guêpes chassent les insectes.
Dans la ruche des abeilles il y a un stock important de miel
qui doit être défendu contre de gourmands prédateurs qui sont toujours des
animaux vertébrés, petits ou grands, tels que la souris, le blaireau, l’ours
brun ou les êtres humains. Les guêpes ont beaucoup moins d’ennemis naturels.
Ceci explique la différence d'emploi ainsi que les autres
particularités du fonctionnement du dard de l’abeille. En piquant un vertébré
elle perd son dard et meurt ensuite mais le fait que le dard reste un moment
accroché garantit la vidange complète de la poche de poison. Les guêpes et les
frelons utilisent leur dard pour tuer des proies plus grosses qu’elles ou qui
leurs résistent (ou pour leur propre défense). Le frelon ne peut pas gaspiller
son venin car il en a trop besoin pour la chasse. C’est ainsi que par piqûre il
n’injecte que 0.16 - 0,19 mg de venin ou même moins. D'où la
différence de toxicité avec la piqûre de l’abeille. Le fonctionnement du dard
de l’abeille est destiné à la lutte contre les vertébrés, celui de la guêpe et
du frelon pour la chasse aux insectes."
Vous pouvez retrouver ce texte dans son intégralité en
suivant ce lien : http://www.vespa-crabro.com/frelons.htm
; sinon l’entrée du site est par ici : http://www.vespa-crabro.com/.
Si vous voulez en savoir plus sur la vie d’une fondatrice de colonie (la fondatrice est chez les frelons et les guêpes l’équivalent de la reine chez les abeilles) et sur la structure absolument parfaite du nid des frelons, je vous conseille très vivement la lecture des numéros 92, 94 et 95 de La Hulotte : "Le Journal de la Reine des Frelons" que vous pourrez vous procurer en cliquant sur ce lien : http://www.lahulotte.fr/.
Enfin, il est bon de savoir que le frelon est une espèce protégée en Allemagne, et que dans la plupart des pays, il est considéré comme une espèce utile par les entomologistes. En effet, il chasse de nombreux insectes, que la plupart des jardiniers considèrent comme nuisibles. Il a donc sa place près de nous, au même titre que la coccinelle, la chrysope et tout autre auxiliaire au jardin !
Et pourtant, de nombreux nids continuent à être détruits chaque année... !!!
J’espère que ce partage vous permettra dès maintenant de
porter un tout autre regard sur le frelon et d’adopter des gestes justes si un
nid s’installe dans votre jardin…
Une toilette en règle ! |
J’aurais pu aussi vous parler du Frelon asiatique, mais ce
sera pour une fois… ou pas…
Tout ce que je veux en dire aujourd’hui, c’est, dans un
premier temps, qu’il me semble trop médiatisé, ce qui a tendance à
créer la confusion avec le frelon de chez nous et que dans un deuxième temps,
sa réputation de tueur d’abeilles (qui n’est pas fausse) nous fait trop vite oublier
que la première cause de mortalité chez l’abeille est la présence encore trop importante
de pesticides !
Bravo Edith !
RépondreSupprimerJe les adore aussi.
Dolly
Merci Dolly... je sais que tu les adores aussi... et ils le valent bien ! ;-))
SupprimerUne étude bien fouillée , .. comme tu sais le faire, .. bravo !!! Edith!! :-) .. et , de belles photos !!!
RépondreSupprimerMerci Gérard... bonne soirée... !
SupprimerUn beau plaidoyer pour un mal aimé, photos magnifiques , je n'ai pas vu celle du roulé-boulé dans les maïs ;)
RépondreSupprimerHa ha ha... c'était plus un plongeon qu'un roulé-boulé... mais j'ai tout de même eu le droit à un bisou de frelon... et c'est du bisou, car la sensation dure quelques jours ;-)))
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